Julie Espiau - Sculpteur Céramiste


Julie Espiau vit et travaille à Ondres, entre forêt et océan. 


Artiste et autrice, elle s’est formée en Arts Plastiques à l’université puis aux Beaux-Arts de Bordeaux. Après une carrière en finance, un accident transforme son parcours et la ramène à l’art, devenu un lieu de reconstruction et de liberté.

Depuis plusieurs années, elle façonne la céramique, médium de prédilection qui lui permet de traduire un dialogue entre vide et plein. Elle développe également une recherche en gravure sur papier végétal fabriqué main. Son travail a été présenté lors d’expositions collectives et personnelles, notamment au Salon des Beaux-Arts de Paris.

En résidence au Japon, elle conçoit une installation et des pièces céramiques, expérience fondatrice qui l’amène à intégrer l’écriture à son processus créatif. De ce séjour est né un carnet d’art et de poésie, où ses textes et haïkus entrent en résonance avec ses sculptures.

Démarche artistique



La démarche de Julie Espiau se concentre sur la représentation de corps féminins imparfaits, réinventés à travers la mythologie, l’eau et la flore.

 Ces figures hybrides traduisent à la fois sa propre traversée et une ouverture pour d’autres femmes, invitant à une acceptation sensible et authentique de soi.








Ses sculptures ne cherchent pas la ressemblance mais l’essence : les pleins et les vides se répondent, comme un cocon émotionnel où se déposent l’indicible et les fragilités intimes. Inspirée notamment par les réflexions de Ludivine Gaillard et Laure Adler, elle détourne les codes de la “femme objet” pour proposer une féminité plurielle, sensuelle et mouvante.





Agathe Anglionin, critique d’art 


« Ses sculptures expriment un cheminement sensuel détourné des canons habituels. Loin d’une féminité figée, elles révèlent une force fragile et charnelle, où les pleins et les vides traduisent les émotions contenues. »


(texte intégral plus loin)


L'influence océanique

L’océan, les éléments naturels et les lectures nourrissent son univers. Ses pièces, à la frontière de l’abstraction, portent la trace d’une quête expressive plus que figurative, où l’émotion prime sur la forme.mon imagination s’exprimer.

Texte critique Par Agathe Anglionin

Julie Espiau "Sculptures céramiques"


Le corps de la femme associé à l’eau et à la flore est un thème de prédilection pour Julie Espiau.

Au premier abord, il ressort de ses sculptures en céramiques une impression de matière et de vides enchevêtrés, des entrelacs qui pourraient évoquer certains motifs floraux de l’Art nouveau ou encore des arabesques orientales. Puis on y retrouve une imagerie inspirée par la mythologie, telles les Naïades et les sirènes, ces divinités aquatiques qui fascinaient les hommes qu’elles rencontraient.

Ainsi les figures monochromes de l’artiste recourent à une hybridation qui convoque autant l’univers marin que végétal associé à celui de la féminité. Dans ses compositions, la grâce se révèle dans les mouvements d’une danse naturelle, comme le seraient des algues bercées par les courants marins, une chevelure emmêlée par le vent ou encore des flammes jouant avec l’air. Il en ressort un univers élémentaire où le mouvement est primordial, comme autant d’impulsions par lesquelles le corps tendrait à s’échapper pour atteindre au céleste.

Cela reste vrai pour toutes les figures, excepté une seule qui pourrait être rapportée à l’artiste. De couleur orange symbolisant le mouvement, cette figure exprime une renaissance. Elle représente le corps d’une sirène à moitié repliée sur elle-même, dans une posture qui évoque un réveil et peut-être la fin de la longue immobilité subie par Julie Espiau, suite à l’accident qui aura changé le cours de sa vie. Ce dernier aura été source de révélation pour l’artiste qui cherchera ensuite à se réinventer.

Profondément subjectif, l’univers de Julie Espiau est une quête d’expressivité plus que d’harmonie. Pour le dire autrement, il est question de ressentir plus que de voir. Ses sculptures expriment un cheminement sensuel détourné des canons habituels. C’est une réaction assumée où le corps voluptueux de la femme se révèle par des lignes serpentines lesquelles, au contraire de la réduire, permettent aux imperfections de jouer leur va-tout et de tirer leur épingle du jeu.

Si les vides dans les sculptures expriment des émotions contenues, les pleins s’affirment malgré leur contournement et cherchent à s’approprier l’espace visuel. Mais ici, l’œil semble plutôt assujetti au geste qui cherche à frôler les apparences, car Julie Espiau s’exprime avec les mains plutôt qu’avec les yeux. En travaillant la terre directement avec un couteau, elle cherche une fluidité que l’œil pourrait suivre sans s’arrêter à un objet déterminé. Son but est de mieux s’opposer à une tyrannie du regard qui domine les représentations des corps féminins. Ici, aucune analogie qui procéderait par ressemblance, mais bien des traits de féminité en rupture de ressemblance. L’intention est aussi de comprendre ce que veut dire habiter le corps d’une femme aujourd’hui.

Ainsi les céramiques, souvent associée à l’univers du design et de la décoration, deviennent chez Julie Espiau une véritable matière à vision, celle d’une féminité qui ne reposerait plus sur des formes saturées, souvent rabattues, mais sur un amalgame de pleins et de vides représentant les traces formées par des ondulations plus profondes, celle de la sensualité.




Agathe Anglionin
Architecte l Curatrice | Critique d'art
https://linktr.ee/agatheagn
https://www.instagram.com/a_agn/

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